Quatre mains – 38 – VIP

Nous allons commencer par éliminer la main 1, avec laquelle un Roudi s’impose, pour découvrir vite le seul fit majeur possible, puisque l’ouvreur n’a pas 4 Piques.

Idem pour la 4. Avec les points de la manche, pas de fit majeur et un singleton dans aucune des deux mains, on joue 3SA, sans se préoccuper des gardes. C’est la fameuse “théorie du singleton” (suivez ce lien).

Avec la 2, conclure à 3SA est, en revanche, impossible, à cause du singleton à Trèfle et l’enchère de 2♠ est bien utile ici, même si un soutien à 3♦ serait également envisageable.
Avec la 3, il faut évidemment nommer les Piques. Certains experts préconisent de dire 3♠ sur 1SA, mais cette façon de faire a deux inconvénients : on va utiliser l’enchère pour autre chose (voir plus loin) et les développements sont peu harmonieux car l’ouvreur n’a pas la place de fitter au palier de 3.
C’est pourquoi je préfère dire aussi 2♠ avec la 3. Pour différencier les 4441 des 6-5, l’ouvreur doit relayer obligatoirement à 2SA. Le répondant peut alors nommer sa courte (3♣ ou 3♦) s’il est 4441. S’il est 6-5, il dit 3♥. L’ouvreur peut alors fitter les Piques (3♠ intéressé, 4♠ décourageant) ou les Cœurs (4♥ décourageant, contrôle avec fit implicite s’il pense avoir des bonnes cartes).

Cette séquence constitue un bicolore économique du répondant, non forcing sur la redemande à 1SA (et seulement sur celle-ci).

Exit donc la main n°1, avec laquelle il faut faire un Roudi. 2♦ serait la bonne enchère si l’ouvreur avait déclaré 2♣ sur 1♠, au lieu de 1SA. Ce serait d’ailleurs une “3e couleur artificielle forcing” et non l’annonce de 4 cartes à Carreau (suivez ce lien).

Nous allons éliminer aussi la 4, avec laquelle il faut se contenter de rétablir à 2♠ : n’oubliez pas que l’ouvreur a promis une main régulière et ne peut donc pas avoir un singleton à Pique.

Cette séquence est donc ce qu’on appelle un “canapé”, c’est-à-dire une situation où un joueur a commencé par nommer la plus courte des composantes d’un bicolore. Ici, la raison est simple à comprendre : sur 1♥, Sud était trop faible pour répondre 2♦, mais il a évidemment envie de nommer sa couleur 6e maintenant, plutôt que de jouer 1SA. La question est maintenant : le répondant est-il faible (main 2) ou moyen (main 3) ?
Dans le système standard, la réponse est : les deux, mon général. On va donc dire 2♦ dans les deux cas. L’ouvreur va passer sur 2♦ le plus souvent, mais il est autorisé à reparler avec une bonne main, maximum et bien fittée à Carreau (3♦, 2SA). En revanche, il ne rectifie jamais à 2♠.

Remarque : on peut différencier les deux mains si on joue une convention du type 2♦ “mini-Roudi” (suivez ce lien), mais le prix à payer est ici de toujours se retrouver au palier de 3.

Attention aux confusions ! Sud n’est pas ici en train d’annoncer un bicolore, il soutient la couleur de son partenaire, ce qui n’est pas la même chose.

Nous allons donc éliminer la 1, avec laquelle, là encore, il faut faire un Roudi pour trouver rapidement un fit à Cœur, quitte à soutenir les Trèfles au 3e tour.
On en déduit que ce soutien dénie 5 cartes à Cœur. Comme il est forcing de manche, éliminons la main 3, rigoureusement inannonçable dans le standard français. Si vous voulez pouvoir l’annoncer, il faut vous mettre au 2♦ mini-Roudi (suivez ce lien).
Nous allons enfin éliminer la 4. Dans le cadre de la théorie du singleton, il faut conclure à 3SA sans tergiverser.

Notre gagnante est donc la 2 ! Mais comment, vous entends-je hurler d’ici, il n’y a que 4 cartes à Trèfle et l’ouvreur peut n’en avoir que 3 !? Hé bien non, il en a au moins 4, car il n’a ni 4 Piques, ni 4 Cœurs, ni 4 Carreaux et qu’il a pourtant 13 cartes. Et puis, 3♣ n’impose pas l’atout Trèfle. L’enchère ne fait que suggérer l’idée que Trèfle puisse être la dénomination finale. On peut encore finir à 3SA si l’ouvreur montre qu’il est costaud à Pique (3♠ ou 3SA).

Cette séquence garantit un bicolore 5-5 avec au moins un espoir de chelem : notre main 1.

Avec la 2, il faut dire 4♥ sur 1SA pour laisser un simple choix d’atout à l’ouvreur.

Avec la 3 et la 4, il faut commencer par un Roudi. Suivez ce lien si vous ne maîtrisez pas parfaitement cette convention indispensable.

Encore un bicolore économique du répondant sur la redemande à 1SA, donc non forcing.
Ne confondez pas avec :
1♣ 1♠
2♣ 2♥
3e couleur naturelle forcing pour un tour
ni avec
1♦ 1♠
2♦ 2♥
3e couleur artificielle également forcing pour un tour.
Suivez ces liens : 1 et 2.

Les mains 3 et 4 sont donc trop fortes et il faut commencer par un Roudi, quitte à nommer les Cœurs ensuite.
En standard, nos mains 1 et 2 correspondent. En revanche, si vous jouez une réponse conventionnelle sur 1♣ ou 1♦ pour indiquer 5 Piques et 4 Cœurs (1♣ 2♣ ou 1♦ 2♦ dans la version que je préfère, 1♣/♦ 2♥ dans la version Bessis), alors seule la main 1 correspond à notre séquence puisqu’on aurait utilisé le gadget avec la 2. Suivez ce lien. Que les experts qui préconisent d’utiliser cette convention avec la main 1 périssent sur le bûcher pour hérésie ! (Dans d’atroces souffrances si possible !)

Bien entendu, vous connaissez le sort réservé à ceux qui ont répondu 1♥ sur 1♣ avec la main 3 : direct à Cayenne par la première galère ! Nous jouons la longue d’abord, pas la majeure d’abord ! Suivez ce lien.

L’enchère décrit donc bien un vrai bicolore avec 5 Cœurs, mais pour qu’il soit intéressant de nommer la 2e couleur, il faut que l’atout Carreau soit un objectif souhaitable, ce qui n’est pas le cas avec main 2 (seulement 4 cartes) ni même avec la 1 (Carreaux médiocres). On va donc réserver 3♦ aux beaux 5-5 (main 4) et faire un Roudi avec les deux autres.

Rappelons ici encore que la redemande à 1SA de l’ouvreur n’est pas une enchère “poubelle”, comme c’est le cas pour le répondant. Il garantit donc une main régulière avec 2 ou 3 cartes dans la majeure du répondant. Du coup, ce dernier peut être amené à répéter une couleur seulement cinquième, même de qualité médiocre, exactement dans le même esprit qu’on ne passe pas sur 1SA d’ouverture avec une majeure 5e, même si l’existence d’un fit huitième n’est pas certaine. Il faut donc impérativement dire 2♥ avec nos mains 1 et 4. Remarquez qu’avec la 4, nommer des Carreaux que l’ouvreur n’a pas serait sans objet.
En revanche, la 3 est trop forte pour 2♥ : il y a un espoir de manche et il faut faire un Roudi.
Enfin, avec la 2, il semble plus habile de passer sur 1SA : la ligne est majoritaire et on peut donc légitimement espérer faire 7 levées à SA. En revanche, à l’atout Cœur, ça risque de mal se passer si le partenaire n’en a que deux. Ce n’est pas vrai avec la 1 car on ne gagnera quasiment jamais 1SA, alors autant espérer “toucher” un fit à Cœur en face pour gagner 2♥ (ou chuter moins qu’à 1SA).

Voilà bien une séquence qui divise les experts depuis des lustres : canapé ou pas canapé ?

Logiquement, non, puisqu’on pouvait répondre 1♦ (contrairement à plus haut, sur l’ouverture de 1♥). Mais, s’il faudrait me torturer un bon moment avant de me faire répondre 1♠ sur 1♣ avec la 1 (imaginez votre sort sur la redemande à 2♣), autant je trouve ça plutôt bien joué avec la 2, histoire d’essayer de barrer les Cœurs. Maintenant, faut-il passer sur 1SA (au risque de chuter parfois beaucoup) ou rétablir à l’atout Carreau (au risque de réveiller les Cœurs adverses) ?
Ca se discute, mais par souci d’homogénéité avec la même séquence sur l’ouverture de 1♥, je pense plus utile de jouer cette séquence canapé. Avec la 3, on peut dire 2♠ et faire un Roudi avec la 4 (quitte à passer sur la réponse de 2♦ !).

La main 1 aurait justifié une répétition à saut non forcing sur une redemande économique à la couleur (1♠, 2♣ ou 2♦) mais, sur 1SA, la répétition à saut est devenue forcing. Il faut donc faire un Roudi (ou carrément tenter 4♥).
Qui dit répétition à saut dit 6 cartes, donc atout fixé quand l’ouvreur en a 2 ou 3. Qui dit 3♥ forcing avec fit certain dit espoir de chelem, sans lequel il n’y a qu’à conclure à 4♥ puisque le fit est trouvé. C’est ce qu’on va faire avec la 4.
La différence entre la 2 et la 3 est une histoire de qualité de couleur. Je vous conseille de réserver le 3♥ immédiat aux mains comportant une couleur solide (la 2). Avec la 3, commencez par un Roudi pour savoir si l’ouvreur a 2 ou 3 cartes à Cœur (le fit 9e serait rassurant) et dites 3♥ au tour suivant pour montrer votre problème à l’atout.

Eliminons rapidement la 2, avec laquelle il faut tout simplement commencer par 3♣ (forcing de manche, sans 5 Cœurs, comme nous l’avons vu plus haut). Bien entendu, on ne passera pas sur un éventuel 3SA de l’ouvreur : on insistera à 4♣ pour imposer l’atout et montrer les ambitions de chelem.
Avec la 1, le mieux est de commencer par un Roudi, avant de fitter les Trèfles pour explorer 6♣ et d’imposer finalement 4♥ si l’ouvreur décrit des mauvaises cartes.

Notre 4♣ est donc bien ce qu’on appelle un “Auto-Splinter” : une enchère qui impose l’atout dans sa propre couleur (et non pas celle du partenaire, comme un Splinter “normal”) et suggère le chelem si le partenaire n’a pas de points perdus. Suivez ce lien.
Avec la 3, on table 6♥ sans impasse en face de :
♠ Rxx
♥ Ax
♦ RDx
♣ xxxxx
(minimum avec 2 cartes à Cœur)
mais il faut s’arrêter en face de
♠ RVx
♥ Axx
♦ xx
♣ RDxxx
(maximum avec 3 cartes à Cœur)

Remarque : la séquence dont nous avons parlé plus haut :
1♣ 1♥
1SA 3♠
doit logiquement être considérée également comme un auto-Splinter (et non comme la description d’un 6-5, avec lequel on commence par 2♠).
Mais attention :
1♣ 1♠
1SA 4♥
reste naturel (5-5 de manche).

En revanche, la 4 est beaucoup trop forte pour un Splinter. Comme les Cœurs sont moches, le mieux est, là encore, de commencer par un Roudi.

Cette séquence est encourageante mais non forcing. L’ouvreur est censé passer s’il est minimum et dire 2SA s’il est maximum. Il n’a pas le droit de dire 3SA car Sud peut avoir seulement 9-10 H s’il possède une main irrégulière, comme nos mains 2 et 4 (sur 2♦, 3♣ et 3♦ sont forcing de manche dans toute version de Roudi un tant soit peu cohérente – suivez ce lien). Si l’ouvreur dit 2SA (maxi) sur 2♠, on pourra dire 3♣ avec la 2 et 3♦ avec la 4 sans imposer la manche.

Bien entendu, 2♣ suivi de 2♠ peut aussi provenir d’une main avec 6 cartes à Pique (la 1). En revanche, avec la 3, je préfère dire 2SA sur 2♦ pour montrer les 11 H réguliers.

Le principe est le même qu’à l’exercice précédent. Cette séquence est encourageante mais non forcing. S’il est minimum, l’ouvreur peut passer, faire une préférence à 2♠ ou (Ponce Pilate), soutenir à 3♥. S’il est maximum, il fitte à 4♥ avec 4 cartes et déclare 2SA sans fit, cette dernière action ne créant pas de situation forcing de manche (c’est ici qu’on voit la supériorité du Roudi 3 paliers sur le Roudi original).

Elle correspond donc à nos mains 1, 2 et 3. Si l’ouvreur dit 2SA sur 2♥ (maxi sans fit), on dira passe avec la 1, 3SA avec la 2 et 3♥ (non forcing) avec la 4.

Avec la 3, il faut jumper à 3♥ sur 2♦ pour créer une situation forcing de manche.

Heureusement, le SEF a abandonné l’option “stop” et considère que cette séquence est forcing de manche et correspond à notre main 1. N’ayez pas peur de fitter les Trèfles avec seulement 4 cartes car l’ouvreur en a au moins 4 puisqu’il n’a que 2 cartes à Pique. En revanche, avec la 2, concluez à 3SA puisqu’il n’y a ni singleton, ni espoir de chelem.

Les mains 3 et 4 sont inannonçables en standard. Il faut adopter le 2♦ mini-Roudi pour pouvoir les traiter proprement. Suivez ce lien.

L’ouvreur venant de dire qu’il était minimum, on ne voit vraiment pas l’intérêt de jouer cette séquence non forcing.
Avec la 4, par exemple, il est évident de passer sur 2♥.
Avec la 1, prenez vos responsabilités et passez ou concluez à 4♥, selon votre tempérament (et l’état du match ! 🙂 ).
Avec la 3, passez ou, éventuellement, faites un essai de manche à 3♣ (l’atout Cœur est fixé).

Notre gagnante est donc la 2 : unicolore de chelem avec une couleur fragile, rassurée par l’existence d’un fit 9e. A noter que les sauts à 3♠, 4♣ et 4♦ seraient des auto-Splinters, comme directement sur 1SA, mais avec une couleur fragile.

La 1 est une plaisanterie : aucune raison de faire un Roudi sur 1SA. Il suffit de dire 2SA pour proposer la manche. Le Roudi garantit formellement 5 cartes dans la majeure de réponse.
Avec les mains 2 et 3, proposer de jouer 3SA est clairement une bonne idée, avec ces honneurs répartis et ces Cœurs pourris : qu’on possède 11 ou 15 H n’intervient plus dans le débat puisque l’ouvreur en a 14 (ou 13 beaux). Il rétablira à 4♥ si 3SA ne l’inspire pas.
En revanche, avec la 4 et son petit doubleton (surtout dans une couleur où le partenaire n’a pas plus de 3 cartes), conclure à 4♥ est la voie de la sagesse.

Remarque : sur les réponses fittées de 2♥ et 2♠ au Roudi, 2SA est forcing et montre des ambitions de chelem. Avec 11 H réguliers, on passe sur la réponse mini et on dit 4♥/4♠ ou 3SA sur la réponse maximum.