Quatre mains – 23

Quatre mains, une séquence – 23

Pour chaque séquence d’enchères, indiquez laquelle (ou lesquelles) des quatre mains de Sud peut correspondre.

ONES
14♠X

main n° 1

Sud
  • RV4
  • A854
  • 854
  • 963

main n° 2

Sud
  • 8
  • RV42
  • AV8
  • D9632

main n° 3

Sud
  • 82
  • AD96
  • 854
  • R432

main n° 4

Sud
  • 2
  • R854
  • 74
  • ARV1032

Revenons sur un principe très important, que nous avons déjà abordé sur ce site :

Lorsque vos adversaires déclarent une manche à toute vitesse, le Contre n’est ni d’appel ni punitif mais OPTIONNEL. Il ne promet pas des atouts, mais indique qu’on ne veut pas laisser jouer l’adversaire “à l’œil”. Il invite donc le partenaire à passer avec une distribution banale (dans le cadre de ce qu’il a éventuellement déjà promis) mais à surenchérir avec une main distribuée (ou mieux distribuée que prévu).

Avec la main 1, par exemple, il serait donc très maladroit de contrer 4♠, car vous pouvez être à peu près sûr que l’ouvreur, sans doute très court à Pique, va dégager. Or, il est clair que votre meilleure chance de marquer dans votre colonne est à 4♠. Vous devez donc passer. Si l’ouvreur en fait autant, vous marquerez quelques points dans votre colonne, ce qui est mieux que chuter au palier de 5. Si l’ouvreur réveille par “Contre”, vous le transformerez en punitif avec délectation.

La main 3 est trop faible. On aurait contré une intervention à 1♠, à la rigueur à 2♠ mais, à partir du palier de 3, la barre est trop haute pour nos 9 points misérables. Ne croyez pas que la faiblesse d’un de vos adversaires vous rend fort, bien au contraire ! Les risques de tomber sur de mauvais partages augmentent en cas de barrage adverse.

Avec la main 4, l’enchère la plus saine est 5♣. Manquer un fit 4-4 à Cœur n’est pas très grave et, de toute façon, contrer ne nous aiderait guère à y arriver.

La main 2 est parfaite. Si le partenaire passe, on espère que posséder une nette majorité de points H suffira à battre 4♠. S’il enlève, on est ravi.

ONES
1♣
-1♠2X

main n° 1

Sud
  • A2
  • RV54
  • 54
  • AD963

main n° 2

Sud
  • RV5
  • AD52
  • 854
  • A96

main n° 3

Sud
  • AD2
  • R4
  • 85
  • A109632

main n° 4

Sud
  • A2
  • A4
  • 632
  • ARV1092

Voici le très délicat “Contre de Soutien” ou “Spoutnik de l’ouvreur”, selon les appellations plus ou moins contrôlées qu’on lui attribue. Je ferai très certainement un dossier sur le sujet un jour, mais c’est un sujet vraiment complexe.

Première chose importante : par pitié, ne contrez pas dès que vous avez trois cartes dans la majeure de réponse ! Certaines paires de haut niveau jouent ainsi (surtout à l’étranger) mais, croyez-moi (et je sais que Michel Bessis ou Alain Lévy, par exemple, sont entièrement d’accord avec moi), les développements sont alors parfaitement ingérables car cet idiot de partenaire n’a pas toujours cinq cartes dans sa majeure ! Exit donc la main 2. Vous n’avez rien d’intelligent à dire, alors ne dites rien et attendez que votre partenaire réveille.

Exit aussi la main 1, même si elle est plus prometteuse. Le Contre n’est pas un Spoutnik pour l’autre majeure. Si votre partenaire a cinq Piques et quatre Cœurs, il le dira (remarquez au passage que répondre 2♣ sur 1♣ avec 5 Piques et 4 Cœurs dans la zone 8-10 environ résout en grande partie le problème : suivez ce lien).

La main 3 est parfaite : trois cartes à Pique dans une main irrégulière, avec donc au moins cinq cartes à Trèfle, ce qui donne un “parachute de secours” à un partenaire faible sans cinq Piques.

“The” question est : peut-on utiliser ce Contre sans posséder trois cartes à Pique ? Avec, par exemple, une main régulière 18-19 qui ne justifie pas de dire 2SA ou avec notre main 4, qui avait prévu de jumper à 3♣. Maintenant, sur 2, 3♣ sans saut pourrait provenir du même jeu avec un As en moins… C’est tout le problème. Techniquement, la réponse est oui, mais cela impose de mettre au point des développements sophistiqués. Nous verrons ça un jour prochain, promis… 🙂

ONES
1SAX

main n° 1

Sud
  • RV95
  • 5
  • 854
  • ADV96

main n° 2

Sud
  • AD85
  • RV96
  • A4
  • 632

main n° 3

Sud
  • 8
  • A54
  • RDV1085
  • A82

main n° 4

Sud
  • RV54
  • A2
  • RD105
  • A62

Du temps de ma jeunesse, ce Contre était punitif. On l’employait avec l’équivalent d’une ouverture de 1SA, soit la main 4. Au fil du temps, on s’est aperçu qu’il était plus malin de passer avec ces jeux car, soit l’adversaire gagnait 1SA contré du fait qu’on avait bien du mal à sortir de main, soit on permettait à Ouest de dégager à 2♣ ou 2, contrats inannonçables sans le Contre pour cause de Stayman ou de Texas (qui disparaissent en cas de Contre punitif).

Un peu plus tard, il est resté punitif mais à base d’une belle longue : notre main 3, qui a effectivement la chute en main. Le problème de jouer ainsi était double : la trop grande rareté de la situation et le fait qu’on ne jouait jamais 1SA contré, le partenaire de l’ouvreur ayant souvent une longue où se réfugier. Intervenez à 3, ça va mettre le bazar dans le camp adverse et clouera le bec à un Ouest muni de 5-6 points et 5 cartes à Pique. Sur l’ouverture adverse de 1SA fort, il est rarissime de gagner 3SA dans la ligne adverse, donc l’imprécision en force de l’enchère de 3 n’est pas bien gênante. En enchères à 4, la distribution prime sur la force.

De nos jours, on emploie donc ce contre de façon conventionnelle. Le gadget à la mode est le Contre “majeure-mineure” (majeure exactement 4e, mineure au moins 5e, ce qui fait 4 possibilités), que je déteste farouchement (suivez ce lien pour voir pourquoi). En ce qui me concerne, je le joue bicolore rouge ou noir (majeure au moins 4e, mineure au moins 5e, deux possibilités seulement). Suivez ce lien pour voir de quoi il retourne. Notre main 1 couvre les deux cas. Remarquez la concentration des honneurs dans les longues et l’indispensable présence d’un singleton.

En tout cas, ce Contre n’a jamais été utilisé comme appel aux majeures (main 2). Avec ce jeu, comme avec TOUTES les mains régulières, quelle que soit leur force, il faut passer sur 1SA fort adverse (sur 1SA faible, c’est très différent). Il n’est pas question non plus de Landy avec un 4432.

ONES
11
--1SAX

main n° 1

Sud
  • A2
  • RDV53
  • AD2
  • V63

main n° 2

Sud
  • AD103
  • AR9632
  • 4
  • 63

main n° 3

Sud
  • AD63
  • AV1095
  • 2
  • RV6

main n° 4

Sud
  • AD3
  • AV1095
  • 2
  • RV63

La première chose à signaler sur cette séquence est son grand danger. L’ouvreur a montré 18-19 H : Ouest et Nord se partagent quelques miettes. Nord possèdera donc souvent une main nulle. Remarquons qu’il n’a pas été fichu de dire 1♠, enchère qui ne réclame que 4 cartes à Pique et 8 H environ (un peu moins avec 5 ou 6 Piques).

La main 1 est très maximum pour une intervention, mais sa distribution est sans intérêt et se manifester à nouveau beaucoup trop périlleux. Vous devez passer et, si on en reste là, l’entame est toute trouvée.

Vous pouvez décrire parfaitement la main 2 en disant 2. L’enchère montre un bicolore majeur (comme 1 2), mais déséquilibré en faveur des Cœurs (6-4, en principe, parfois 6-5).

Ce contre doit donc être réservée aux mains élégantes : plutôt maximum en points avec une courte à Carreau. Faut-il le limiter à la main 3 qui a 4 cartes à Pique ? Je ne pense pas. Personnellement, je contre aussi avec la 4.

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Professeur agréé par la F.F.B, Marc Kerlero enseigne le bridge depuis 1980. Il est l'auteur de 15 ouvrages, dont plusieurs best-sellers et a été rédacteur en chef d'Objectif 13 puis de Bridgerama. Il a collaboré aussi à Jouer Bridge. Il a été champion d'Europe junior en 1984, vice-champion de France de division nationale I en 2004, champion de France de division nationale II par quatre en 2014 et vainqueur de la Coupe de France en 2019.