Sans-Atout ?

Sans-Atout ?

Lorsqu’on déclare des Sans-Atout, on décrit généralement une main régulière… mais pas toujours ! Est-on dans la bonne zone ? Promet-on l’arrêt de telle ou telle couleur ?

Autant de questions dont la réponse n’est pas toujours évidente…

Ouest
  • 54
  • RD83
  • AV43
  • A74
ONES
1-
1-1SA-
?

3SA : nous sommes ici en plein dans le champ d’application de la “théorie du singleton” (suivez ce lien). Votre ligne possède les points de la manche mais pas plus, pas de fit majeur ni de singleton et l’adversaire n’a rien dit. Dans ce cas, il ne reste qu’un contrat possible, 3SA, et il faut l’annoncer sans tergiverser, sans se préoccuper le moins du monde de posséder l’arrêt de toutes les couleurs.

Ouest
  • 54
  • RD83
  • AV43
  • A74
ONES
1-
1-1♠-
?

2♣ : cette fois, la distribution de votre partenaire est inconnue et il peut posséder un singleton à Trèfle. Dans ce cas, on peut chuter 3SA avec 6 sur table ! Imaginez chez lui, par exemple :
♠ AR73
V107
RD1075
♣ 3

Vous devez donc différer votre décision et, votre main n’étant pas assez distribuée pour le soutien forcing à 3 (qui montrerait de l’enthousiasme pour l’atout Carreau), vous devez commencer par une 4e couleur forcing à 2♣ et aviser au tour suivant. Si vous entendez 2SA, vous conclurez bien sûr à 3SA, mais si vous entendez 2, par exemple, vous soutiendrez à 3 pour suggérer la possibilité de jouer à l’atout Carreau, quitte à passer si l’ouvreur dit maintenant 3SA.

Par ailleurs, même si le bon contrat sera souvent 3SA, il sera presque toujours meilleur joué par votre partenaire, qui peut posséder à Trèfle une teneur plus adaptée à recevoir l’entame que votre As blanc.

Ouest
  • 54
  • RD83
  • AV43
  • A74
ONES
1-2♣-
?

2SA : évidemment, les deux petits Piques ne donnent pas très envie de nommer les Sans-Atout en premier, mais 2 est un bicolore cher et la répétition à 2 sans Carreaux a bien plus d’inconvénients que d’avantages.

Ouest
  • 54
  • RD83
  • AV43
  • A74
ONES
1-1♠-
1SA-3-
?

3 : le soutien forcing de votre partenaire montre un jeu sans 5 cartes à Pique (il ferait un Roudi) mais avec soit un singleton, soit une main de chelem (toujours selon la théorie du singleton). Si son singleton est à Cœur, vous pouvez jouer 3SA mais, s’il est à Trèfle, il vaudrait mieux jouer à l’atout Carreau (Axx est une très mauvaise teneur pour jouer à Sans-Atout en face d’un singleton, contrairement à Rxx, qui représente 3 points perdus dans un contrat à la couleur). L’enchère de 3 envoie exactement ce message.

Ouest
  • 54
  • A74
  • AV43
  • RD83
ONES
1-1♠-
1SA-3-
?

3♠ : ce soutien “impossible” (puisque votre partenaire n’a pas cherché à savoir si vous aviez 3 cartes à Pique) permet ici de résoudre efficacement le tristement célèbre “problème des Carreaux”. L’enchère veut dire l’inverse du 3 précédent : puisque l’enchère de 3♣ m’est interdite par le règlement, j’utilise artificiellement celle de 3♠ pour te dire que si ton singleton est à Trèfle, je peux jouer 3SA, mais pas s’il est à Cœur.

Ouest
  • AD2
  • 872
  • 653
  • RD93
ONES
1-
?

2SA : là encore, les trois petits Cœurs rendent l’enchère peu attrayante, mais répondre 2♣ avec seulement 11 H serait pire car l’enchère vous propulserait vers une manche sans espoir en face de 12 points banals (la redemande à 2SA de l’ouvreur étant forcing et couvrant la zone 12-14 OU 18-19 – ce qu’on appelle le 2SA mini-maxi). L’autre redemande possiblement faible de l’ouvreur (2) n’améliorerait évidemment pas votre sort. Reste donc à répondre 2SA. Si votre partenaire a une main régulière ou semi-régulière, pas de problème : il enchérira à SA au bon palier. S’il a un singleton, il développera les enchères et je vous conseille d’ailleurs de convenir que la déclaration d’une couleur chez lui décrit un singleton. Vous pourrez ainsi conclure à 3SA sur 3♣ ou 3♠ et chercher la meilleure manche de rechange (5♣ ou 5) s’il dit 3.

Ouest
  • AD2
  • 872
  • 653
  • RD93
ONES
1X-
?

Le problème est vraiment difficile car rien ne colle. 2♣ montre un jeu faible et 3♣ 5 cartes à Trèfle dans une main de 8-10 H. 1SA ne promet pas l’arrêt Carreau mais est théoriquement limité à 10 H. 2SA montre bien les 11 H, mais promet un arrêt à Carreau. Quant au cue-bid, il ne résout rien : vous allez entendre 2 ou 2♠ et vous ne serez pas plus avancé.
Vous avez donc le choix entre deux enchères imparfaites :
– 2SA en priant, si votre partenaire en dit 3, soit pour qu’il arrête la couleur, soit que l’ouvreur n’en ait que 4 et que vous fassiez 9 levées sans perdre la main. Avouez que, à partir du moment où le Contre décrit théoriquement une courte à Carreau, ces scénarios sont assez peu probables.
– 1SA. C’est sous-biddé puisque l’enchère couvre théoriquement la zone 7-10, mais c’est probablement l’enchère la plus pragmatique. Si votre partenaire passe, il est très peu probable qu’on gagne une manche.

Ouest
  • AD2
  • 872
  • 653
  • RD93
ONES
1♠2-
?

3SA : vous arrêtez les Piques deux fois, votre partenaire a du jeu et 6 cartes à Carreau, dont l’affranchissement devrait être facilité par vos 3 cartes et la probable réussite d’une éventuelle impasse dans la couleur. Et les Cœurs ? On verra bien à l’arrivée du mort ! Quand on envisage le contrat de 3SA et que l’adversaire a nommé une couleur, on ne s’occupe que de l’arrêt de celle-là, pour deux raisons :
– c’est là qu’ils vont entamer 9 fois sur 10 et là qu’ils sont susceptibles d’encaisser 5 levées.
– il n’existe pas d’enchère pour dire : j’arrête les Piques mais pas une des autres. Et même s’il en existait une, elle risquerait trop de vous amener à nommer les SA du mauvais côté.

Si vous êtes non vulnérable et jouez en face d’un terroriste, voire d’un junior norvégien, vous pouvez envisager de vous contenter de 2SA.

Ouest
  • AD2
  • 872
  • 653
  • RD93
ONES
12-
?

2 : cette fois, il n’est évidemment plus question de bondir à 3SA sans le moindre arrêt dans la majeure adverse. Comme vous êtes trop fort pour un simple soutien à 3, commencez par un cue-bid. Ce dernier n’est pas forcing de manche et vous pourrez encore vous arrêter à 3 (en passant sur un retour décourageant de votre partenaire à 3 ou en disant 3 non forcing vous-même au tour suivant). Suivez ce lien.

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Professeur agréé par la F.F.B, Marc Kerlero enseigne le bridge depuis 1980. Il est l'auteur de 15 ouvrages, dont plusieurs best-sellers et a été rédacteur en chef d'Objectif 13 puis de Bridgerama. Il a collaboré aussi à Jouer Bridge. Il a été champion d'Europe junior en 1984, vice-champion de France de division nationale I en 2004, champion de France de division nationale II par quatre en 2014 et vainqueur de la Coupe de France en 2019.