La main d’en face – 54

Cette séquence est faible et non forcing. C’est ce qu’on appelle une “conclusion double”. Le rôle de l’ouvreur doit se borner à choisir l’atout. Il n’a donc droit qu’à deux annonces : passe et 2♠. Il lui est rigoureusement interdit de soutenir au palier de 3 et encore moins de dire 2SA.

Remarque : le fait que vous jouiez une réponse conventionnelle sur 1♣ ou 1♦ pour indiquer 5 Piques et 4 Cœurs (convention “Bessis” : 1♣/1♦ 2♥ ou 1♣ 2♣ et 1♦ 2♦ selon les versions – suivez ce lien) NE CHANGE RIEN à cette séquence et au rôle de l’ouvreur, si ce n’est qu’elle devient toujours très faible puisque vous n’avez pas utilisé la convention. Cette dernière devant s’utiliser dans la zone 8-10 environ (voire 8-11) *, vous utiliserez la séquence ci-dessus dans la zone 5-7 environ.

• que les hérétiques qui préconisent de l’utiliser avec des mains faibles périssent sur le bûcher dans d’atroces souffrances.

Cette séquence est forcing de manche et dénie 5 cartes à Pique, avec lesquelles on commencerait par chercher un fit majeur en utilisant le Roudi.

D’après la “théorie du singleton” (suivez ce lien), elle promet donc soit un (petit) singleton, soit un espoir de chelem (dans ce cas seulement, un 4225 est possible). Avec un 4225 de manche, vous devez conclure à 3SA sur 1SA, sans vous préoccuper des arrêts de l’ouvreur dans les rouges. Même chose avec un 4135 ou 4315 si votre singleton est un As ou un Roi sec.

Si l’ouvreur dit 3♥, on conclura à 3SA. S’il dit 3SA, on passera. S’il dit 3♦, on conclura à 5♣. Remarquez bien que, si on autorisait cette séquence avec 5 cartes à Pique, l’ouvreur ne saurait pas s’il doit, en priorité, soutenir avec 3 cartes ou annoncer ses gardes assez solides pour jouer 3SA en face d’un singleton.

Remarque : si vous jouez les SMI avec majeure quatrième possible, tout le système est modifié puisqu’avec ce jeu, vous répondez 2♣ sur 1♣ et pas 1♠. La signification de notre séquence de référence change alors, puisque les 5 Piques sont maintenant garantis. Ce qui est injouable, c’est l’ambiguïté sur le nombre de Piques.

Pas de singleton, mais un espoir de chelem. Si l’ouvreur dit 3SA, on dira 4SA quantitatif. Insister à 4♣ serait plus fort et/ou mieux distribué.

Concluez à 3SA sur 1SA, laissez Est entamer dans le brouillard et faites confiance aux statistiques.

Attention aux confusions ! Cette séquence n’est plus un fit, mais l’annonce d’un bicolore. Comme l’enchère est évidemment forcing de manche, elle ne peut plus, cette fois, dénier 5 cartes à Pique, puisqu’avec 5 Trèfles, 4 Piques et une main de manche, on ne répond pas 1♠ sur 1♦ mais 2♣, à moins de vouloir terminer ses jours dans une geôle humide d’un bagne sub-tropical bien connu ! 🙂
Cette séquence va donc s’utiliser avec un beau bicolore 5-5 à honneurs concentrés, qui ne serait pas chagriné à l’idée que l’ouvreur dépasse 3SA même s’il n’est pas fitté à Pique (mais fitté à Trèfle, bien entendu). Notez bien que l’espoir de chelem n’est pas garanti.

On ne craint pas d’être soutenu à 4♣.

Contentez-vous d’un Roudi pour conclure à 4♠ sur les réponses fittées, sans dévoiler inutilement la main qui va jouer le coup. Sur 2♦ seulement, nommer vos Trèfles en situation forcing, pour voir s’il faut finir à 3SA, à 5♣ ou même à 4♠ en 5-2.

Si l’ouvreur avait répondu 2♦ au Roudi, 2SA serait clairement l’indication d’une main régulière de 11 H avec 5 cartes à Pique (pour expliquer l’emploi du Roudi, qui ne s’emploie JAMAIS sans 5 cartes dans la majeure de réponse).
Sur les réponses fittées, ça n’a plus de sens. Avec 11 H réguliers, on PASSE sur la réponse mini (ou on rétablit à 2♠ si vous jouez à l’envers) et on conclut à la manche sur la réponse maxi.
2SA devient donc logiquement une enchère d’essai avec une main régulière mais forcément en vue du chelem !

Voyons voir où l’ouvreur a ses honneurs.