Ce n’est pas tout-à-fait juste, car le postulat que le Roi de ♣ est à droite après l’entame est certes probable, mais pas certain. Contre 6SA, on prend rarement un risque à l’entame mais, bizarrement, contre 7, ce n’est pas exclu si on pense que l’As est au mort pour poser un problème de choix immédiat à l’adversaire.
Le squeeze nécessite donc les 2 Rois à droite, au lieu d’un seul pour l’impasse. Si le joueur a joué comme ça, c’est sans doute soit lié à une impression de table, soit dans l’idée de déclencher un écart si le match est mal engagé, soit encore parce que, si ça marche, on peut faire “sauter” psychologiquement l’adversaire de droite !
Ca me rappelle une donne qui a beaucoup compté dans ma vie. 1984, championnat d’Europe junior. Nous jouons l’avant dernier match contre les Italiens (dont Bocchi, Duboin et Ferraro !). Nous sommes 2e, 30 points derrière eux et avec 40 d’avance sur les 3e. A la 1e donne, Eric Eisenberg joue 6♠. Pour gagner, il a le choix entre une impasse et un squeeze bizarre, mais qui ne marche qu’avec le Roi mal placé et dans une position où Ferraro aurait fait une bêtise en défaussant. Techniquement, il n’y a pas photo et il faut faire l’impasse, mais dans le contexte (il faut qu’on les massacre), Eric a choisi le squeeze… et scoré 1430 dans la bonne colonne ! Ce coup a prodigieusement agacé Ferraro, qui s’est senti humilié que l’adversaire ait parié qu’il avait joué comme une buse… sans compter la remarque acerbe de Duboin. Résultat : Eisenberg-Desrousseaux ont pris l’ascendant psychologique à la table. Comme, de l’autre côté, Crozet Kerlero ont fait pareil avec Bocchi-Golfarelli (je me rappelle d’une donne où j’ai réfléchi 3 minutes en flanc avec -2 vulnérable en main à 3SA… pour ne pas encaisser la chute et trouvé le retour pour prendre -3 !), on les a étrillés 19-1 ! Du coup, ils se sont engueulés, leur capitaine a sorti Bocchi-Golfarelli pour le dernier match en faisant rentrer leur 3e paire, beaucoup moins forte et qui n’avait quasiment pas joué jusque là… et ils ont reperdu 19-1 contre nos potes Danois qui luttaient pour la médaille de bronze ! Une petite victoire contre les Autrichiens nous a alors permis de leur “voler” une médaille d’or qui n’avait, la veille, aucune chance de leur échapper !
Comme quoi, la psychologie au bridge, c’est hyper important !
La psychologie au bridge