Le numéro 9 de Battle Bridge vient de paraître. Il est destiné aux très jeunes bridgeurs (essentiellement des collégiens). Bien qu’interdit aux vieux croûtons comme moi je me suis permis d’y jeter un coup d’œil.
En page 5 un court article est consacré aux enchères « forcing ». En voici un large extrait :
« Une enchère forcing, c’est une enchère qui « force » ton partenaire à reparler au tour suivant. Il ne peut pas passer, même s’il a un jeu tout pourri (…)
En fait il existe principalement deux grands types d’enchères forcing : les enchères « forcing un tour » et les enchères « forcing de manche ».
FORCING UN TOUR : le partenaire doit parler au moins une fois mais on n’est pas encore sûr d’aller à la manche »
Exemple : Sud ouvre de 1P et Nord répond 2T
(Nouvelle couleur au niveau de 2 = forcing un tour dans la plupart des systèmes) et s’engage à reparler au moins une fois si les adversaires ne parlent pas.
FORCING DE MANCHE : le partenaire s’engage à aller jusqu’à la manche (3SA, 4C, 4P, etc.)
Exemple : l’ouverture de 2K forcing de manche (…)
Mais ce ne sont pas les seules. Il y a aussi la 3ème couleur forcing, la 4ème couleur forcing, les enchères auto-forcing et même le passe forcing!Dans tous les cas, le partenaire doit parler sinon il se fera disputer ». (fin de citation).
J’ai plusieurs critiques à formuler au sujet de cet article. Je me limite dans un premier temps à l’utilisation de l’expression « forcing un tour ».
Il n’est pas anormal de simplifier l’explication du caractère forcing d’une enchère. Selon moi on peut effectivement dire que certaines des enchères sont forcing de manche alors que d’autres ne le sont pas quand le joueur qui produit une telle enchère n’est pas encore « sûr d’aller à la manche ».
En revanche, je trouve absurde de qualifier toutes ces enchères de « forcing pour un tour »,alors que l’enchère auto-forcing, elle non-plus ne garantit pas une main suffisamment forte pour aller à la manche. Le SEF utilise (à tort) le qualificatif de « forcing » au lieu de « forcing pour un tour » mais c’est un moindre mal.
Quant à citer la réponse de 2T sur l’ouverture de 1P pour illustrer une enchère forcing pour un tour, c’est, selon moi, scandaleux de la part d’un enseignant digne de ce nom.
Le jeune joueur qui va lire cet article va, désormais, croire que son partenaire qui produit une enchère forcing pour un tour « s’engage à reparler au moins une fois si les adversaires ne parlent pas » comme le précise l’auteur de cet article…