La main d’en face – 51

Si l’ouvreur a une main régulière (ou assimilée) de 24 H et +, il doit déclarer 2SA, sans crainte de voir son partenaire passer. L’enchère est illimitée et, bien évidemment forcing. Elle permet de développer les annonces ensuite à base de Stayman, Texas, etc, comme après une ouverture de 2SA. Simplement, si l’ouvreur a vraiment des réserves (26, 27 H ou plus), il devra essayer de le dire ensuite.

Ce saut à 3SA est donc saugrenu et envoie le message suivant : stop, arrêtons-nous à 3SA car il manque 2 As. Il ne provient pas d’une main régulière (avec laquelle il faut dire 2SA pour être en mesure de trouver les fits majeurs) mais d’un unicolore mineur.

On peut fort bien chuter 5♣ alors qu’il faudrait un cataclysme pour ne pas faire 9 levées à SA.

Par inférence du Roudi, 3♠ est devenu une suggestion de chelem, à base d’un unicolore solide (si la couleur est fragile, commencez par un Roudi). L’ouvreur ayant promis au moins 2 cartes à Pique en redemandant à 1SA, l’enchère d’Est (capitaine) fixe l’atout Pique et le moussaillon (Ouest) n’a aucune autorité pour prétendre qu’on va jouer à SA ! Son enchère ne peut donc pas être naturelle (pour jouer 3SA). Ca ne peut pas non plus être une “demande” de contrôles : c’est déjà 3♠ qui joue ce rôle ! Si vous ne comprenez pas pourquoi, suivez d’urgence ce lien.
L’enchère de 3SA est, en revanche, fort utile ici pour sonner le signal d’alarme à l’atout en montrant spécifiquement deux petites cartes à Pique. Si le répondant peut craindre de perdre deux atouts, il stoppera les frais à 4♠ (voire en passant sur 3SA, mais ce sera rare, l’ouvreur n’ayant nullement promis des arrêts dans les autres couleurs). Sinon, il nommera son premier contrôle.

Ouest peut donc parfaitement posséder une main maximum et ne strictement rien avoir à Cœur !

Comment voulez-vous qu’un joueur qui a passé d’entrée et dont le partenaire n’a rien promis puisse prétendre gagner 3SA à lui tout seul ? Ca n’a aucun sens ! N’oubliez pas que vous ne pouvez absolument pas déduire du passe de Sud qu’il est faible. Il peut simplement être misfitté et avoir plein de jeu !

Ce 3SA saugrenu est donc l’expression d’un bicolore, a priori mineur mais si vous ne craignez pas de manœuvrer les enchères trivalentes, vous pouvez convenir que les deux couleurs ne sont pas spécifiées. Le partenaire ne répond donc 4♦ que s’il préfère les Cœurs aux Trèfles. Sinon, il dit 4♣ même s’il préfère les Carreaux pour ne pas risquer de se retrouver trop haut.

Attention quand même à la vulnérabilité !

Sur 4♣, on rectifiera à 4♦ pour montrer les rouges.

Remarque : on peut aussi considérer qu’après passe d’entrée, les réveils à 4♣ et 4♦ peuvent difficilement être naturels et montrent des bicolores avec la mineure nommée et les Cœurs. Du coup, le réveil par 3SA provient toujours des mineures. Plus simple à gérer… si on n’oublie pas !

Encore un 3SA impossible. On est en route pour le chelem à Cœur, personne ne peut vouloir jouer 3SA sur ce début ! Les contrôles ayant déjà commencé, 3SA est ici un “écho” : tu contrôles les Piques ? Moi aussi !
Vous ne voyez pas à quoi ça sert ?
Et pourtant, c’est très utile de savoir que notre camp contrôle une couleur deux fois (As en face du Roi ou du singleton, la plupart du temps). Ainsi, on sait que le chelem ne sera pas mis en danger par l’entame dans cette couleur même s’il manque un As, contrairement à Ax(x) en face de xx(x), par exemple.

Remarque : si vous avez inversé 3♠ et 3SA (oui mais) ici, ça ne change pas la signification de 3SA sur 3♠ : on montre toujours un contrôle à Pique (même si le 3♠ conventionnel, lui, ne l’a pas promis).

Même si l’ouvreur ne contrôle les Carreaux que par le Roi, le chelem devrait être sur table s’il a 2 pièces (As de Pique et Roi de Cœur).