Quatre mains – 38

Quatre mains, une séquence – 38

Pour chaque séquence d’enchères, indiquez laquelle (ou lesquelles) des quatre mains de Sud peut correspondre.

ONES
1-1
-1SA-2♠

main n° 1

Sud
  • AD85
  • RV874
  • 6
  • A96

main n° 2

Sud
  • DV96
  • AR96
  • DV96
  • 6

main n° 3

Sud
  • ADV84
  • AR9654
  • 6
  • 3

main n° 4

Sud
  • ADV5
  • AR87
  • 963
  • 63

Nous allons commencer par éliminer la main 1, avec laquelle un Roudi s’impose, pour découvrir vite le seul fit majeur possible, puisque l’ouvreur n’a pas 4 Piques.

Idem pour la 4. Avec les points de la manche, pas de fit majeur et un singleton dans aucune des deux mains, on joue 3SA, sans se préoccuper des gardes. C’est la fameuse “théorie du singleton” (suivez ce lien).

Avec la 2, conclure à 3SA est, en revanche, impossible, à cause du singleton à Trèfle et l’enchère de 2♠ est bien utile ici, même si un soutien à 3 serait également envisageable.
Avec la 3, il faut évidemment nommer les Piques. Certains experts préconisent de dire 3♠ sur 1SA, mais cette façon de faire a deux inconvénients : on va utiliser l’enchère pour autre chose (voir plus loin) et les développements sont peu harmonieux car l’ouvreur n’a pas la place de fitter au palier de 3.
C’est pourquoi je préfère dire aussi 2♠ avec la 3. Pour différencier les 4441 des 6-5, l’ouvreur doit relayer obligatoirement à 2SA. Le répondant peut alors nommer sa courte (3♣ ou 3) s’il est 4441. S’il est 6-5, il dit 3. L’ouvreur peut alors fitter les Piques (3♠ intéressé, 4♠ décourageant) ou les Cœurs (4 décourageant, contrôle avec fit implicite s’il pense avoir des bonnes cartes).

ONES
1-1♠
-1SA-2

main n° 1

Sud
  • AD962
  • 98
  • RV87
  • A4

main n° 2

Sud
  • V874
  • 6
  • AV9874
  • 63

main n° 3

Sud
  • RD74
  • 6
  • AV9632
  • 63

main n° 4

Sud
  • RV874
  • 6
  • DV1063
  • 63

Cette séquence constitue un bicolore économique du répondant, non forcing sur la redemande à 1SA (et seulement sur celle-ci).

Exit donc la main n°1, avec laquelle il faut faire un Roudi. 2 serait la bonne enchère si l’ouvreur avait déclaré 2♣ sur 1♠, au lieu de 1SA. Ce serait d’ailleurs une “3e couleur artificielle forcing” et non l’annonce de 4 cartes à Carreau (suivez ce lien).

Nous allons éliminer aussi la 4, avec laquelle il faut se contenter de rétablir à 2♠ : n’oubliez pas que l’ouvreur a promis une main régulière et ne peut donc pas avoir un singleton à Pique.

Cette séquence est donc ce qu’on appelle un “canapé”, c’est-à-dire une situation où un joueur a commencé par nommer la plus courte des composantes d’un bicolore. Ici, la raison est simple à comprendre : sur 1, Sud était trop faible pour répondre 2, mais il a évidemment envie de nommer sa couleur 6e maintenant, plutôt que de jouer 1SA. La question est maintenant : le répondant est-il faible (main 2) ou moyen (main 3) ?
Dans le système standard, la réponse est : les deux, mon général. On va donc dire 2 dans les deux cas. L’ouvreur va passer sur 2 le plus souvent, mais il est autorisé à reparler avec une bonne main, maximum et bien fittée à Carreau (3, 2SA). En revanche, il ne rectifie jamais à 2♠.

Remarque : on peut différencier les deux mains si on joue une convention du type 2 “mini-Roudi” (suivez ce lien), mais le prix à payer est ici de toujours se retrouver au palier de 3.

ONES
1♣-1
-1SA-3♣

main n° 1

Sud
  • 8
  • AR854
  • 63
  • RDV96

main n° 2

Sud
  • 8
  • ARV8
  • 9632
  • AD96

main n° 3

Sud
  • 854
  • RV84
  • 6
  • AD963

main n° 4

Sud
  • 87
  • RD96
  • 96
  • ARD42

Attention aux confusions ! Sud n’est pas ici en train d’annoncer un bicolore, il soutient la couleur de son partenaire, ce qui n’est pas la même chose.

Nous allons donc éliminer la 1, avec laquelle, là encore, il faut faire un Roudi pour trouver rapidement un fit à Cœur, quitte à soutenir les Trèfles au 3e tour.
On en déduit que ce soutien dénie 5 cartes à Cœur. Comme il est forcing de manche, éliminons la main 3, rigoureusement inannonçable dans le standard français. Si vous voulez pouvoir l’annoncer, il faut vous mettre au 2 mini-Roudi (suivez ce lien).
Nous allons enfin éliminer la 4. Dans le cadre de la théorie du singleton, il faut conclure à 3SA sans tergiverser.

Notre gagnante est donc la 2 ! Mais comment, vous entends-je hurler d’ici, il n’y a que 4 cartes à Trèfle et l’ouvreur peut n’en avoir que 3 !? Hé bien non, il en a au moins 4, car il n’a ni 4 Piques, ni 4 Cœurs, ni 4 Carreaux et qu’il a pourtant 13 cartes. Et puis, 3♣ n’impose pas l’atout Trèfle. L’enchère ne fait que suggérer l’idée que Trèfle puisse être la dénomination finale. On peut encore finir à 3SA si l’ouvreur montre qu’il est costaud à Pique (3♠ ou 3SA).

ONES
1♣-1♠
-1SA-3

main n° 1

Sud
  • AR963
  • RDV74
  • 7
  • A2

main n° 2

Sud
  • AR542
  • RD963
  • 63
  • 3

main n° 3

Sud
  • ADV96
  • R10974
  • 64
  • 3

main n° 4

Sud
  • AR874
  • AR54
  • 632
  • 6

Cette séquence garantit un bicolore 5-5 avec au moins un espoir de chelem : notre main 1.

Avec la 2, il faut dire 4 sur 1SA pour laisser un simple choix d’atout à l’ouvreur.

Avec la 3 et la 4, il faut commencer par un Roudi. Suivez ce lien si vous ne maîtrisez pas parfaitement cette convention indispensable.

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Professeur agréé par la F.F.B, Marc Kerlero enseigne le bridge depuis 1980. Il est l'auteur de 15 ouvrages, dont plusieurs best-sellers et a été rédacteur en chef d'Objectif 13 puis de Bridgerama. Il a collaboré aussi à Jouer Bridge. Il a été champion d'Europe junior en 1984, vice-champion de France de division nationale I en 2004, champion de France de division nationale II par quatre en 2014 et vainqueur de la Coupe de France en 2019.