Quatre mains – 21

Quatre mains, une séquence – 21

Pour chaque séquence d’enchères, indiquez laquelle (ou lesquelles) des quatre mains de Sud peut correspondre.

ONES
2♠

main n° 1

Sud
  • RD10954
  • 8742
  • 4
  • R4

main n° 2

Sud
  • RD9654
  • 5
  • V9654
  • 3

main n° 3

Sud
  • DV10985
  • R4
  • R32
  • 63

main n° 4

Sud
  • D987542
  • 5
  • AV2
  • 63

Vous allez certainement me trouver trop puriste, mais c’est une question de philosophie.

En gros, il existe deux types de stratégie possibles au bridge : soit on cherche avant tout à perturber les adversaires et donc on accorde à ses enchères des critères souples, quitte à mettre le partenaire dans des situations où il devra prendre des décisions “hasardeuses”, soit on essaye de décrire proprement sa main, permettant alors au partenaire d’exercer son (excellent) jugement et laissant aux adversaires toute latitude pour faire leurs propres bêtises, tâche à laquelle ils s’emploient généralement avec un zèle digne d’éloges.

Inutile de vous dire que j’appartiens à la deuxième catégorie, même s’il m’est arrivé de me faire battre lourdement par des gens de la première (mais l’inverse est vrai aussi, je vous rassure). Certes, cela me rend plus facile à jouer et à “lire” pour mes adversaires, mais c’est aussi plus reposant pour mon partenaire et moi et j’ajouterai plus satisfaisant pour l’esprit.

Sur les feuilles de conventions américaines, il est d’ailleurs prévu de cocher la case “sound” ou “unsound” qui se traduit joliment par sain ou malsain 🙂 pour prévenir les adversaires de votre catégorie. Excellente initiative car, si vous faites “n’importe quoi”, il faut que vos adversaires le sachent et pas seulement votre partenaire.

Si on prend nos quatre mains d’aujourd’hui, le style unsound ouvre les quatre de 2♠ et le style sound aucune !

La 1 : pour moi, ouvrir d’un 2 faible avec quatre cartes dans l’autre majeure est une hérésie, même quatre petits. Vous allez fausser le jugement de votre partenaire. Imaginez qu’il ait un fit à Pique et deux cartes à Cœur : il risque alors de surenchérir ou de barrer trop haut, persuadé que les adversaires ont un fit à Cœur et la crème renversée menace.

La 2 : elle est potentiellement trop forte distributionnellement pour un 2 faible. Cette fois, votre partenaire risque de ne pas monter assez haut. Si vraiment vous ne supportez pas le vert de vos cartons Passe, ouvrez de 3♠ !

La 3 : deux gros honneurs annexes à la couleur longue, c’est trop de levées de défense. Vous risquez de voir votre partenaire défendre à 4♠ contre 4 qui chute.

La 4 : sept mauvaises cartes ne sont pas équivalentes à six bonnes ! Au contraire, les deux mensonges s’ajoutent, ils ne s’annulent pas !

ONES
2♠

main n° 1

Sud
  • RV10542
  • -
  • 854
  • 9632

main n° 2

Sud
  • AV10854
  • 5
  • A2
  • 9652

main n° 3

Sud
  • RV7542
  • 2
  • R42
  • 632

main n° 4

Sud
  • A109854
  • RV4
  • 5
  • 632

Là encore, je vais peut-être vous surprendre, mais celle que j’ouvre de 2♠ avec le plus d’enthousiasme, c’est la première ! Son rapport “attaque-défense” est le meilleur : beaucoup de levées à l’atout Pique, aucune dans un contrat adverse à l’atout Cœur. Il faut donc tout faire pour que les enchères se terminent à l’atout Pique chez nous et, pour cela, la meilleure chance est de prendre les devants en ouvrant en barrage. Vert contre rouge, une ouverture de 3♠ aurait des mérites certains ! Bon, ok, rouge contre vert, on ne cherche pas de contrats de sacrifice et il vaut mieux passer.

J’ouvre aussi la deuxième. Ca ne me gêne pas d’avoir deux As, du moment que l’un des deux est dans la longue, bien sûr.

J’ouvre également la troisième, non vulnérable et certains jours rouge contre rouge. Certes, les Piques sont fragiles mais, quand on ouvre de 2♠, il est rare qu’on finisse à 2♠ contré. Il faut pour cela qu’Ouest ait quatre ou cinq gros Piques mais pas assez de jeu pour intervenir à 2SA et qu’Est réveille spécifiquement par “Contre”. Pas impossible, bien sûr, mais pas très fréquent quand même. Et, si Nord est fitté à Pique, RV7542 et RV1098x, c’est pareil et le reste de la main est alors agréable pour jouer à Pique, en particulier le singleton à Cœur.

En revanche, je n’ouvre pas la 4 : trop de risques soit de crème renversée (le partenaire défend à 4♠ contre 4 qui chute), soit de jouer 2♠ en 6-1 avec 4 sur table.

ONES
2♠-2SA

main n° 1

Sud
  • 5
  • AD102
  • RV96
  • RD62

main n° 2

Sud
  • 5
  • AR65
  • AR54
  • AR42

main n° 3

Sud
  • R
  • A42
  • ARV54
  • R954

main n° 4

Sud
  • A542
  • AR5
  • V1095
  • A6

En face d’une ouverture de barrage, on ne compte pas ses points. On essaye de compter directement en levées (suivez ce lien).

Rappelons d’abord que le relais à 2SA sur un 2 faible signifie : j’agrée ta couleur comme atout, mais j’ai un doute sur la hauteur du palier à atteindre. Parfois, j’hésite entre 3SA et la manche majeure.

Avec la première, il n’y a aucun espoir raisonnable de manche. On est grand favori pour perdre au moins deux As mineurs et deux atouts. Même un As ou une très belle couleur d’ouverture en Nord ne nous permettrait pas encore d’être sûr de faire dix levées sans réussir une ou deux impasses. Il faut passer… et passer VITE pour inciter Ouest à réveiller !

Avec la 2, on compte dix levées si on ne perd que deux atouts. Si on en perd trois, l’ouvreur aura peut-être une Dame annexe : 4♠ est un pari plus que raisonnable et passer par 2SA ne sert à rien. Le contrat de 3SA est totalement exclu sans communication vers le mort. Imaginez
♠ RDVxxx
x
xxx
♣ xxx
en face : dix levées de tête à 4♠, 3 de chute à 3SA !

La 3 correspond à 2SA : le Roi sec est un fit très convenable et on peut gagner 4♠ si l’ouvreur est maxi, mais il faudra sans doute s’arrêter à 3♠ sinon.

Avec la 4, la meilleure manche est à peu près certainement 3SA ! Six levées de Pique à 98 %, As-Roi-As. A 4♠, on risque de faire les mêmes si l’ouvreur est doubleton à Trèfle, lui aussi :
♠ RDVxxx
xx
xxx
♣ xx
4♠ chute, 3SA est à 100%.
Attention : par paires, on dirait plutôt 4♠ pour rester “dans le champ”. Le risque serait trop grand de se contenter de 400 à 3SA avec 420 à 4♠.

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Professeur agréé par la F.F.B, Marc Kerlero enseigne le bridge depuis 1980. Il est l'auteur de 15 ouvrages, dont plusieurs best-sellers et a été rédacteur en chef d'Objectif 13 puis de Bridgerama. Il a collaboré aussi à Jouer Bridge. Il a été champion d'Europe junior en 1984, vice-champion de France de division nationale I en 2004, champion de France de division nationale II par quatre en 2014 et vainqueur de la Coupe de France en 2019.