DN1/2 Premier week-end

Comme chaque année, l’élite du bridge français se retrouve dès septembre pour deux week-ends de compétition intense dans l’espoir de remporter la DN1/2. L’an dernier, lors de ma première participation à cette prestigieuse division nationale, j’avais fait équipe avec mon partenaire de l’époque, Estéban Vallet. Nous avions décroché une honorable 11ème place sur 44 paires, avec la satisfaction de n’avoir enregistré aucune séance sous la moyenne. Une performance encourageante pour cette découverte de l’élite française par paires.

Cette année, je fais équipe avec Jacques Bannaire, et comme à chaque édition, notre objectif principal reste le maintien. Les enjeux sont de taille : seules 30 paires sur les 44 engagées conserveront leur place pour l’édition suivante.

Le format de cette compétition en fait un véritable marathon du bridge. Nous affrontons les 43 autres paires au cours de chaque week-end, jouant systématiquement deux donnes contre chaque adversaire. Cela représente un total de 86 donnes par week-end – une épreuve longue et épuisante qui teste aussi l’endurance.

Après ce premier week-end, le temps est venu de faire le bilan de notre position et d’analyser quelques donnes marquantes. Place maintenant au récit de ces premières confrontations !

Objectif plus un !

RV3
V54
R82
V875
AD107652
RD6
DV
R
ONES
1♠
- 2♠ - 4♠

Je choisis de faire l’enchère directe de 4♠ avec cette main, n’ayant aucune ambition de chelem. Inutile de dévoiler ma main aux adversaires en détaillant ma distribution.

L’adversaire opte pour l’entame atout. Comment envisagez-vous le plan de jeu ?

J’ai trois perdantes en main. Deux options s’offrent à moi : tenter de voler une levée en jouant Trèfle vers le Roi en espérant que l’adversaire ne plonge pas avec son As, ou bien jouer Carreau en pariant que l’adversaire ne tirera pas immédiatement son As de Trèfle.

J’opte pour le Valet de Carreau. Mon adversaire de gauche plonge de l’As et poursuit dans la couleur, me permettant ainsi de défausser ma perdante à Trèfle et de réaliser +1.

RV3
V54
R82
V875
98
A92
A9764
A103
4
10873
1053
D9642
AD107652
RD6
DV
R

Une fois en main avec l’As de Carreau, il aurait dû encaisser son As de Trèfle, mais il était difficile pour lui de visualiser une distribution aussi importante dans ma main.

En apesanteur…

Sud
  • ARV83
  • AD10
  • A9732
ONES
4 4♠
5 5♠ - ?

Ma main présente une force considérable, et passer serait d’un pessimisme excessif. Nous avons de réelles chances de réussir le grand chelem, mais obtenir les informations nécessaires s’avère complexe. Je choisis donc de déclarer directement 6♠, ne trouvant pas d’enchère permettant de faire comprendre à mon partenaire que j’ai besoin de la Dame de Pique ainsi que du Roi et de la Dame de Trèfle.

109762
D93
7
DV65
54
AV1087652
5
R4
D
R4
RV986432
108
ARV83
AD10
A9732

Après avoir coupé l’entame de l’As de Cœur, j’ai tiré deux tours d’atouts avant de tenter l’impasse au Roi de Trèfle, qui s’est soldée par un échec. La défense se contentera de cette levée.

A la recherche du bon contrat !

Sud
  • A64
  • D42
  • DV9432
  • R
ONES
2 3
- 3 - ?

L’enchère de 2 indique 5 cartes à Cœur et au moins quatre cartes dans une mineure (Trèfle ou Carreau). Mon partenaire répond 3, enchère qui sollicite un arrêt pour envisager le contrat de 3SA.

Quelle décision prendre avec cette main ?

J’opte pour l’enchère de 3SA avec ma Dame troisième à Cœur, estimant disposer d’un arrêt suffisant si mon partenaire détient le Valet, ou si l’ouvreur de 2 concentre l’As et le Roi de Cœur.

R8752
86
AR106
AD
DV109
R105
87
9862
3
AV973
5
V107543
A64
D42
DV9432
R

Après l’entame du Roi de Cœur suivie de l’As de Cœur, je réalise toutes les levées restantes. Excellente donne alors que la plupart des joueurs jouent le contrat de 4♠ (qui chute).

Mon partenaire a fait preuve d’un excellent jugement avec sa main : sachant que nous disposons de six levées de Carreau, nommer une couleur à Pique aussi anémique n’a pas un grand intérêt. Le contrat optimal reste effectivement 3SA.

Un accident de parcours

V1097
R105
R1098
93
R62
7
A732
108752
3
V98642
D654
64
AD854
AD3
V
ARDV
ONES
2
- 2 - 2♠
- 3♠ - 4♣
- 4 - 4
- 5 - 5♠
- 6♠ Fin

2 = Forcing de manche.   2 = Pas d’As.

3♠ = Espoir de chelem (pas minimum).   4// = Contrôle.

5 = Contrôle.   5♠ = Arrêt.

6♠ = Du bonus.

Un chelem dépendant d’une impasse défavorable, mais surtout, il nous manque deux clés. Le véritable problème réside dans l’absence de Blackwood dans notre séquence d’enchères. J’aurais pu l’utiliser sur 4, mais j’ai préféré annoncer 4 car si mon partenaire avait répondu 4♠, j’aurais passé. Mon partenaire aurait également pu poser le Blackwood sur mon 4 pour éviter toute ambiguïté face à mon enchère de 5♠.

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Pierre Bedouet est un jeune bridgeur français né en 2001, originaire d'Anjou, qui a transformé sa passion en métier en devenant enseignant au Bridge Club de Nantes. Son palmarès compte deux titres de champion du monde dans la catégorie des moins de 31 ans, ainsi qu’un titre de vice-champion d’Europe. Il fait désormais partie du groupe France Open. Passionné par tous les aspects du bridge, Pierre aime particulièrement transmettre ses connaissances et échanger autour de ce jeu qu’il affectionne, que ce soit dans son rôle d’enseignant ou lors des compétitions.