La “Picol” à Poznan
Du 28 juin au 6 juillet, les meilleurs joueurs de bridge convergent sur la terre polonaise, avec un seul objectif : décrocher le titre de champion d’Europe par équipe transnational.
Des figures emblématiques comme Helgemo, Zia et Versace seront présentes pour offrir un spectacle de haut niveau. L’an dernier, j’ai eu la chance de remporter mon titre de champion du monde à Wrocław, en Pologne. J’espère que ce pays continuera à me porter chance !
Pour cette compétition, je suis envoyé par la Fédération Française de Bridge pour défendre les couleurs nationales au sein de l’équipe “France Green”.
Je retrouverai mes coéquipiers d’Interclub, Bénédicte et Philippe Cronier, mais aussi le duo père-fils Jérôme et Léo Rombaut, ainsi que mon partenaire Colin Deheeger.
Notre équipe affiche une belle cohésion, essentielle pour tenir sur la durée d’un long championnat. Notre ambition est simple : aller le plus loin possible.
Le format du tournoi est le suivant : deux jours de qualification, avec cinq matchs de dix donnes chaque jour. Seules les 60 meilleures équipes accèderont à la phase à élimination directe, où chaque affrontement se jouera en quatre segments de quatorze donnes.
Personnellement, je me présente motivé et confiant, tant pour l’équipe que pour ma paire. Cela fait longtemps que je n’ai pas joué avec Colin : ce sera l’occasion de retrouver nos automatismes et d’appliquer pleinement notre système.
Je vous ferai vivre ce championnat à travers un reportage complet, avec donnes, photos.
Que la chance soit avec nous !
Nous allons commencer avec plusieurs donnes de la phase de poule où il faudra terminer dans les 60 premières équipes.
Première donne : Le gazzili vous connaissez ? Je vais vous partager une belle séquence ou nous avons joué le contrat de 6♦ avec Colin.
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♠ R10
♥ RD7
♦ 10765
♣ V976
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♠
♥
♦
♣
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♠
♥
♦
♣
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♠ AV875
♥ A53
♦ ADV98
♣
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| O | N | E | S |
| - | - | - | 1♠ |
| - | 1SA | - | 2♣ |
| - | 2♦ | - | 2♥ |
| - | 2♠ | - | 3♣ |
| - | 3♦ | - | 4♣ |
| - | 4♥ | - | 6♦ |
La redemande de 2♣ indique soit une main naturelle de première zone, soit toute main de 16 points ou plus.
Colin répond 2♦, signifiant qu’il détient au moins 8 points.
J’enchéris 2♥ pour montrer au moins trois Cœurs dans une main forte.
Sur le relais à 2♠ de Colin, j’annonce 3♣, révélant au moins quatre Carreaux.
Colin poursuit par 3♦, montrant le fit dans la couleur, et je choisis de dire 4♣ pour signaler un 5-5 avec une chicane à Trèfle.
Nous aboutissons au contrat de 6♦, qui est réalisé sans difficulté : sur l’entame atout, Colin passe l’As du mort, le Roi tombe, puis il effectue des coupes pour un total de 13 levées.
Comparaison avec d’autres tables
De nombreux joueurs ont opté pour le contrat de 3SA après la séquence 1♠ – 1SA – 3♦ – 3SA. Ce contrat de 3SA chute de deux levées.
Un 4♥ sur la pointe des pieds
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♠
♥
♦
♣
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♠ A96
♥ V94
♦ RV6
♣ 5432
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♠ R82
♥ AR765
♦ D873
♣ A
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♠
♥
♦
♣ R
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| O | N | E | S |
| - | - | 1♥ | X |
| 2♥ | - | 4♥ | Fin |
L’adversaire entame du Roi de Trèfle, que je prends de l’As. Je choisis alors de jouer tout de suite Carreau pour essayer d’affranchir ma couleur secondaire. Mon adversaire commet une erreur en plongeant de l’As et rejoue Trèfle, que je coupe.
Comment pouvez-vous gagner votre contrat ?
Je joue un premier tour d’atout et tous les joueurs fournissent. Avant de continuer avec un deuxième tour d’atout, je prends le temps d’analyser la situation : si les atouts sont 3-2, le contrat est presque gagné, mais en cas de 4-1 (avec la main longue chez le partenaire du contreur), la suite devient plus délicate.
Si je tire deux tours de Cœur alors que les Cœurs sont 4-1 et les Carreaux 4-2, je risque de chuter : l’adversaire pourra couper à Carreau, puis faire tomber mon dernier atout précieux et ainsi la perspective de couper un Pique de la main courte disparaitra.
Je poursuis avec Carreau, en jouant le Roi puis le Valet. L’adversaire coupe, puis sur le retour Pique, je prends du Roi. Je tire le Roi de Cœur voyant le partage 4-1, le plan de jeu fonctionne. Ensuite, je joue la Dame de Carreau pour défausser un Pique. Si l’adversaire coupe, je pourrai effectuer une coupe de la main courte ; s’il ne coupe pas, il prendra sa levée d’atout quand il le souhaitera.
Quand l’adversaire vous offre une occasion, il faut savoir en profiter et rester vigilant jusqu’au bout !
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♠ V4
♥ -
♦ 4
♣ 106
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♠ A9
♥ 4
♦
♣ 54
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♠ 82
♥ 65
♦ D
♣
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♠ D7
♥ 10
♦ -
♣ V9
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Un grand chelem comme à l’entrainement !
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♠ -
♥ ADV64
♦ AV83
♣ RV42
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♠
♥
♦
♣
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♠
♥
♦
♣
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♠ D983
♥ R109832
♦ 9
♣ A8
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| O | N | E | S |
| - | |||
| - | 1♥ | X | 2SA |
| - | 3♠ | - | 4♣ |
| - | 4♦ | - | 4SA |
| - | 5SA | - | 6♣ |
| - | 6♦ | - | 7♥ |
2SA indique une main maximum avec quatre atouts. 3♠ annonce une courte à Pique. 5SA montre deux clés ainsi qu’une chicane à Pique. 6♣ demande s’il y a un bonus pour tenter le grand chelem, 6♦ pourquoi pas, et 7♥, j’accepte.
Le grand chelem est excellent : sur l’entame de l’As de Pique, Colin coupe les quatre Piques de la main courte, ce qui lui permet de réaliser six levées de Cœur, quatre de Pique par la coupe, deux levées de Trèfle et l’As de Carreau.
La défense à haut palier !
| Sud |
|---|
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| O | N | E | S |
| 5♣ | - | 6♣ | ? |
Vous êtes vert contre rouge.
Mes adversaires enchérissent 6♣ et j’ai le sentiment qu’ils vont réaliser leur contrat, d’autant plus que je n’ai aucune levée de défense. Je réfléchis à la meilleure façon de montrer mon bicolore majeur, car une défense à 6♥ ou 6♠ pourrait être intéressante, mais il n’existe pas d’enchère naturelle pour décrire précisément cette main.
Je décide alors de dire 6♦ dans mes trois cartes, en pensant que l’adversaire va sans doute me contrer. Ensuite, j’annonce 6♥ pour indiquer les deux majeures. Colin passe, je suis contré et je joue le contrat.
Je chute de trois, soit –500, contre 1370 comme les adversaires réalisent leur chelem. C’est donc une bonne défense, qui nous rapporte 4 IMP, puisque à l’autre table, le contrat joué était 5♣ +1.
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♠ AV95
♥ 10974
♦ 632
♣ D7
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♠ 87
♥ R
♦ 8
♣ ARV1098642
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♠ R4
♥ A86
♦ AD10974
♣ 53
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♠ D10632
♥ DV532
♦ RV5
♣
|
| O | N | E | S |
| 5♣ | - | 6♣ | 6♦ |
| - | - | X | 6♥ |
Nous avons terminé à la 11ème place lors des qualifications, ce qui nous a permis d’accéder à la phase à élimination directe. Nous avons franchi les 32èmes, les 16èmes et les huitièmes de finale avec des niveaux de difficulté très variables. Cependant, je vais surtout m’attarder sur nos deux derniers matchs, le quart et la demi-finale, où la pression a été palpable jusqu’à la dernière donne.
En quart de finale, nous avons affronté la redoutable équipe américaine Shourie, composée de Raj Shourie et de cinq piliers de l’équipe open : John Hurd, Kévin Bathurst, John Kranyak, Vince Demuy et Gavin Wolpert. Nous savions d’avance que ce match serait loin d’être facile, d’autant plus face à une telle équipe. Il allait falloir saisir toutes les opportunités offertes par nos adversaires, si elles se présentaient.
Pour ce quart de finale, je vais partager avec vous plusieurs donnes, illustrant aussi bien les bons coups que les moins bons. Ce qu’il faut retenir, c’est qu’aucune des deux équipes n’a vraiment réussi à prendre l’ascendant au cours des quatre segments du match. Chaque donne comptait, et chaque imp pouvait faire la différence !
Dernier repas avec Bénédicte et Philippe Cronier avant le quart de Finale. Ils nous laissent finir à quatre, direction le soleil de Biarritz pour eux !
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