Quatre mains – 48

Quatre mains, une séquence – 48

Pour chaque séquence d’enchères, indiquez laquelle (ou lesquelles) des quatre mains de Sud peut correspondre.

ONES
-
--1X

main n° 1

Sud
  • A742
  • RV4
  • 42
  • D632

main n° 2

Sud
  • RV5
  • A964
  • 3
  • DV963

main n° 3

Sud
  • R1054
  • DV96
  • -
  • D10854

main n° 4

Sud
  • AV96
  • RD96
  • 42
  • V32

Avoir passé d’entrée n’autorise pas à parler quand on n’a rien à dire ! Entrer dans les enchères quand on a passé d’entrée et que le partenaire n’a pas été fichu d’ouvrir en troisième ne peut se concevoir qu’avec une bonne couleur longue et/ou une bonne distribution, à savoir la présence d’un singleton. N’oubliez jamais un principe fondamental des enchères compétitives : à l’exception de barrages violents qui peuvent entraîner vos adversaires dans un mauvais contrat, toute enchère de votre part qui ne permet pas à votre camp de finir déclarant a mal tourné car elle va considérablement aider l’adversaire dans son jeu de la carte. Et ne croyez pas qu’indiquer l’entame à votre (idiot de) partenaire une fois sur trois (parfois, il la trouve tout seul et une fois sur deux, c’est vous qui entamez !) va compenser ce handicap, loin de là !

Je pense donc que contrer avec la 1 est vraiment mal joué. Je ne suis vraiment pas fan non plus du contre avec la 4, même si elle possède les deux majeures quatrièmes. Peut-être, à la rigueur, vert contre vert dans un tournoi par paires mal engagé…

En revanche, le contre est judicieux avec la 2 et la 3, dont la distribution prometteuse peut laisser espérer se battre au moins jusqu’au palier de 3 et dont la courte dans la couleur adverse laisse supposer un fit long chez eux et donc une très forte probabilité de fit chez nous.

ONES
12♣X

main n° 1

Sud
  • A842
  • 84
  • RV96
  • 632

main n° 2

Sud
  • 84
  • AV985
  • 963
  • RV4

main n° 3

Sud
  • AD872
  • R962
  • A2
  • 63

main n° 4

Sud
  • AD5
  • RV4
  • A87
  • 6432

Bien enchérir, c’est anticiper. Voilà bien une maxime qui est juste !

Quand vous contrez non punitif (contre d’appel, Spoutnik, etc), vous devez anticiper ce que vous ferez sur les réponses fréquentes de votre partenaire. Si vous risquez de vous retrouver dans une situation injouable sur l’une d’elles, c’est qu’il ne faut pas contrer !

La séquence 1 2♣ X est un cas particulier du Spoutnik généralisé car aucune des deux majeures n’a encore été annoncée. L’ouvreur devra donc indiquer en priorité s’il en possède une et les enchères chez lui de 2 et 2♠ seront prioritaires s’il possède une main de zone 1 et n’auront rien à voir avec des bicolores chers, bien au contraire. A noter qu’il devra dire 2 avec les deux majeures (toujours en zone 1, bien sûr). Pour les zones 2 et 3, on verra ça plus tard, dans une prochaine vidéo consacrée au sujet (un peu de patience 😉 ).

Commençons par énoncer un principe fondamental de cette séquence : ce Spoutnik particulier garantit formellement (au moins) une majeure (au moins) quatrième. Exit donc la main 4, avec laquelle il faut faire un cue-bid à 3♣, en espérant entendre 3SA (à défaut, on jouera à l’atout Carreau ou une manche majeure en 4-3).

Avec la main 1, si vous contrez et entendez 2, vous pourrez rectifier à 3, enchère non forcing qui, par inférence, garantit 4 cartes à Pique (l’ouvreur pourra donc rectifier à 3♠ s’il avait les deux majeures). Parfait.

Si vous contrez avec la 2, que ferez-vous sur 2♠ ? 3 dans 3 cartes et 3 dans seulement 5 ne conviennent pas. Comme vous n’êtes pas assez fort pour 2 (qui garantit au moins 10-11 H et plutôt 11-12 que 10), vous devez vous résoudre à passer sur 2♣, quitte à vous montrer hyper actif si votre partenaire se remanifeste. A noter que vous pourriez envisager de contrer 2♣ en inversant vos teneurs majeures, car vous pourriez alors déclarer 2♠ sur 2, enchère non forcing quand on a transité par un Spoutnik.

Avec la 3, il faut dire 2♠ sur 2♣ puis annoncer les Cœurs au tour suivant, ce qui créera une situation forcing de manche. Si vous contriez 2♣ pour déclarer 2♠ sur 2 de l’ouvreur, l’enchère serait non forcing.

ONES
2X

main n° 1

Sud
  • RV4
  • 6
  • AV963
  • RD63

main n° 2

Sud
  • R963
  • D4
  • AV5
  • D963

main n° 3

Sud
  • A9652
  • 96
  • RD3
  • RV4

main n° 4

Sud
  • A963
  • RD5
  • AR96
  • 74

Quand votre adversaire de droite ouvre d’un 2 faible, commencez par vous poser la question suivante : qu’aurais-je fait s’il avait ouvert de 1 ? Vous faites alors la même enchère, décalée d’un cran (en enlevant toutefois les mains très minimum, ce qui est logique puisque nous sommes un palier plus haut).

Avec la 1, vous auriez contré 1, enchère qui ne garantit 4 cartes à Pique que si l’on est minimum à la fois en force (12-14) et en distribution (pas de singleton à Cœur). Contrez 2.

Avec la 2 et sa Dame de Cœur seconde ridicule, il me semble déjà évident de passer sur 1, alors passez encore plus vite sur 2 ! La faiblesse d’un adversaire ne vous rend pas plus fort, bien au contraire ! Vous êtes plus haut, les couleurs risquent d’être mal partagées, votre adversaire de gauche peut être très fort et vous attendre avec un gros gourdin à la main, qu’il dégainera d’autant plus facilement que tous ses contres ou surcontres seront punitifs et ses honneurs bien placés (pour lui) par rapport aux vôtres.

Avec la 3, vous auriez dit 1♠ sur 1, pas contre. Intervenez à 2♠, une des rares interventions au palier de 2 qui ne garantit pas 6 cartes.

Avec la 4, vous auriez dit 1SA sur 1. Dites-en 2 sur 2, intervention naturelle (16-19) et pas du tout bicolore mineur.

ONES
1SA-2♣X

main n° 1

Sud
  • A432
  • 84
  • 963
  • RD109

main n° 2

Sud
  • 8
  • 632
  • 963
  • RV10963

main n° 3

Sud
  • 87
  • A63
  • 632
  • RD1098

main n° 4

Sud
  • 87
  • A63
  • 632
  • RD742

La plupart des bridgeurs détestent passer tout au long de la séquence. Ils ont l’impression de subir la loi des adversaires et de ne pas maîtriser leur destin. Aussi, dès qu’un adversaire produit une annonce artificielle (Stayman, Texas, 4e couleur, contrôle, etc), ils adorent sortir un flamboyant carton rouge, histoire de rompre joyeusement la déprimante litanie de cartons verdâtres jusqu’ici étalée devant eux…

Grave erreur, que Jean-Marc Roudinesco appelait fort justement un contre “de frustration” ! En effet, cette enchère “gratuite” n’est généralement pas gratuite du tout ! Elle donne deux enchères supplémentaires à l’adversaire (passe et surcontre) qui leur permettent d’améliorer grandement la précision leurs annonces. Il ne faut donc les utiliser qu’avec la plus grande circonspection.

A noter aussi que le contre du Stayman est plus dangereux que le contre d’un Texas, car l’adversaire est forcément nettement majoritaire.

Contrer avec la main 1 est juste du suicide, pour plein de raisons. 1) rien ne prouve que l’entame à Trèfle soit la meilleure pour votre camp : Nord a peut-être une entame naturelle à Pique ou dans une couleur rouge 5e dont il ne faudrait pas le détourner. 2) Vous savez combien ça marque 2♣ xx +2 ? 960 ou 1560, selon la vulnérabilité. Et c’est ce qu’il risque de vous arriver si l’ouvreur a une longue à Trèfle.

Avec la 2, contrer sera souvent inutile puisque vous n’avez pas de reprise pour profiter de vos Trèfles. Si vous voulez vraiment faire quelque chose (non vulnérable), intervenez à 3♣. Au moins, vous mettrez un peu le bazar !

Bon, ok pour contrer avec la 3 car l’entame à Trèfle sera presque toujours la plus favorable à votre camp, quoi que possède votre partenaire et que l’adversaire finisse à 3SA ou à 4 en majeure.

En revanche, le contre reste très douteux avec la 4. Certes, votre partenaire peut avoir le Valet de Trèfle troisième, mais sinon, on peut le détourner d’une bonne entame à Cœur ou, là encore, perdre beaucoup à 2♣ surcontré (le risque que ça arrive est bien plus grand avec RD742 qu’avec RD1098).

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Professeur agréé par la F.F.B, Marc Kerlero enseigne le bridge depuis 1980. Il est l'auteur de 15 ouvrages, dont plusieurs best-sellers et a été rédacteur en chef d'Objectif 13 puis de Bridgerama. Il a collaboré aussi à Jouer Bridge. Il a été champion d'Europe junior en 1984, vice-champion de France de division nationale I en 2004, champion de France de division nationale II par quatre en 2014 et vainqueur de la Coupe de France en 2019.