Entames de septembre 2016 – 1

Entames de septembre 2016 – 1

Sud donneur / Est-Ouest vulnérables / match par quatre

Ouest
  • 86
  • 10
  • 87643
  • AR962
ONES
1♠
-2SA-3♠
fin

2SA : fitté par 3 cartes, 11-12 DH.

J’ai proposé ce problème pour rappeler un principe très important :

Dans un contrat à la couleur, l’entame dans As-Roi d’une couleur non nommée est prioritaire sur toutes les autres. 

C’est donc très logiquement que notre jury a plébiscité l’entame d’un gros Trèfle et c’est à peine si quelques prudents accordent de menues miettes au 10 de Cœur et au 6 de Pique, uniquement parce qu’ils sont en concours, 🙂

En fait, je voulais savoir si une convention que je joue et qui a été mise au point par Michel Bessis était populaire au sein de notre jury : avec As-Roi (à la couleur), on entame de l’As sauf quand on a envie de couper (As-Roi secs ou singleton/chicane annexe). Dans ce cas, on entame du Roi.

Exemple d’utilisation :

874
RD54
A865
D6
63
A632
V942
942
ONES
1♠
-3-3♠
fin

3 : fitté, 3 atouts, 11-12 DH (fitmaj turbo)

Votre partenaire entame d’un gros Trèfle (As ou Roi), fait la levée puis rejoue le 9 de Cœur…

Ce 9 de Cœur est visiblement une courte.

Si c’est un singleton, il faut prendre de l’As pour en rejouer.

Si c’est un doubleton, il faut laisser passer en espérant que votre partenaire contrôle les atouts. Il pourra ensuite rejouer son deuxième Cœur et vous lui donnerez sa coupe.

En l’absence de convention, le problème est à peu près insoluble.

Si vous avez adopté la convention Bessis, vous saurez qu’il faut prendre de l’As si Ouest a entamé du Roi de Trèfle (envie de couper = ici, singleton à Cœur) mais laisser passer s’il a entamé de l’As.

Certains experts ne sont pas “fans” de cette façon de procéder car il est vrai que, dans certains cas, cette signalisation aide plus le déclarant que le partenaire. D’ailleurs, les deux cartes (As et Roi de Trèfle) obtiennent aujourd’hui exactement le même score, même si l’As est choisi six fois et le Roi cinq.

Commençons par le groupe le plus nombreux :

As de ♣ : 10

Bien sûr que j’ai à priori envie de couper des , mais ça ne coûte rien de commencer par l’As de ♣ pour voir le mort et décider s’il n’y a pas mieux, ou plus urgent, à faire.

As de ♣ : 7 – 6 de ♠ : 3

Entamer autre chose que ♣ est trop inventif . Il sera peut-être temps de changer le fusil d’épaule si je conserve la main.

As de ♣ : 8 – 10 de  : 2

L’entame du périscope, toujours supérieure à toute autre entame, même à celle d’un singleton.

As de ♣ : 10

Pour voir le mort.

As de ♣ : 7 – 10 de : 3

As-Roi prioritaire sur singleton. Je ne joue pas la convention Bessis.

As de ♣ : 8 – 10 de  : 2

Quels avantages à entamer le 10 (avant l’A♣) ? Je n’en vois que 2 :
1/ si singleton ♣ chez le déclarant, pouvoir rendre  la main au partenaire à la D♣ pour une seconde coupe à Cœur s’il a l’A, encore faudra t-il oser jouer sous AR…
2/ ne pas risquer de voir le partenaire duquer le premier  avec l’As en imaginant l’A♠ second chez nous (en plus d’AR♣, vision très optimiste)

Il va donc falloir que je discute avec Jean-Marie, un de mes deux partenaires cette saison.

Les Bessis boys :

Roi de ♣ : 10

Je ne comprends pas le problème, sauf si la question est « Entamez-vous du Roi avec As-Roi et un singleton annexe ? » A part ça, l’entame dans As-Roi est prioritaire sur celle du singleton, surtout sur ce genre de séquence où l’ouvreur est souvent plat (lorsqu’il est distribué, il accepte facilement la proposition de manche).

Roi de ♣ : 10

Je sais qu’il y a parfois des mauvais cas où l’on va aider l’adversaire à manœuvrer une couleur en le prévenant qu’on a un singleton, mais il me semble tout de même que les bons cas sont plus nombreux que les mauvais. Si tout le monde a abandonné la convention dans dix ans, ça voudra dire que je me suis trompé.

Roi de ♣ : 10

L’entame d’un Roi avant de rejouer (probablement… voyons quand même le mort) le 10 de  indique conventionnellement que ce dernier est sec et non pas second.

Roi de ♣ : 10

Dans le cadre d’entames de type As-Roi Romanet (As demande appel – Roi demande parité). Cette technique d’entame étant vraisemblablement peu usitée en France * (à l’époque, l’entame du Roi ne se justifiait qu’avec As-Roi secs), je suis également d’accord avec l’entame de l’As de Trèfle (si je joue avec Marc, par exemple **). Je ne pense pas que le problème posé va discutailler de ça. J’attribue 0 (zéro) à l’entame du singleton Cœur.

 * Rappelons que notre ami Guy est Belge, tout comme Paul Henry.
 * raté, 🙂

Roi de ♣ : 10

Il est (très) rare que je mette un 10 (je suis du genre à douter) mais j’ai un argument très simple et de poids (dans tous les sens du terme) : Belladonna…
NB : j’entame du Roi selon ma conception (l’As demande appel/refus, le Roi le compte : il n’est pas exclu de « choper » un doubleton en face) et, par coïncidence, selon la mode habituelle (AR secs et/ou singleton annexe), qui est intelligente mais beaucoup moins fréquente à la longue.

N’oubliez pas de discuter de tout ceci avec votre partenaire habituel, donc…

RESULTAT des VOTES

As de ♣ : 50

Roi de ♣ : 50

10 de  : 7

6 de ♠ : 3

AUTOPSIE :

Voici la donne réelle :

DV9
9764
AR5
843
86
10
87643
AR962
A104
AV832
102
V105
R7532
RD5
DV9
D7

Sur cette donne, la convention est inutile, Est ayant l’As d’atout, mais sera-ce toujours le cas ?

Une remarque importante. Après avoir pris le 10 de Cœur de l’As, Est doit rejouer le 8, appel de préférence pour la plus chère des couleurs restantes (Carreau, ici, l’atout étant exclu du débat). Certes, il n’a rien à Carreau, mais il n’a surtout pas la Dame de Trèfle. Or, s’il donne un petit Cœur à couper à Ouest, celui-ci risque de rejouer sous son honneur à Trèfle, pour la catastrophe ici, Sud faisant sa Dame seconde !

Professeur agréé par la F.F.B, Marc Kerlero enseigne le bridge depuis 1980. Il est l'auteur de 15 ouvrages, dont plusieurs best-sellers et a été rédacteur en chef d'Objectif 13 puis de Bridgerama. Il a collaboré aussi à Jouer Bridge. Il a été champion d'Europe junior en 1984, vice-champion de France de division nationale I en 2004, champion de France de division nationale II par quatre en 2014 et vainqueur de la Coupe de France en 2019.